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De Du haut d'min terril

LES AMPHIBIENS DU BASSIN MINIER NORD-PAS DE CALAIS (FRANCE, 59) – PERIODE 2009 – 2013


Stéphanie RONDEL – chargée d’études naturalistes au CPIE Chaîne des Terrils Base 11/19 – Rue de Bourgogne – 62750 Loos-en-Gohelle


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Au cours de la période 2009-2013, deux programmes européens ont permis au CPIE Chaîne des Terrils de réaliser des inventaires et des études sur les amphibiens ayant trouvé refuge sur les anciennes friches minières. Des inventaires ont également été menés dans les districts géographiques accolés au Bassin Minier tel le pays de Pévèle ou la plaine de la Lys.

Ces programmes sont le Feder « Un Dragon ? Dans mon Jardin ! » et l’Interreg « Méthode d’Evaluation Biologique Standardisée des Terrils Franco-Wallon » et ses actions complémentaires.

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Sommaire

GENERALITES

Au cours de ces 5 années, ce sont environ 3200 données sur les amphibiens qui ont été collectées au sein de 154 communes du territoire d’action du CPIE Chaîne des Terrils.

12 espèces ont été inventoriées. Parmi celles-ci, les plus communes sont le Crapaud commun (Bufo bufo) avec 588 données et la Grenouille rousse (Rana temporaria) avec 548 données regroupant 1/3 des données totales.

Viennent ensuite le Triton alpestre (Ichtyosaura alpestris')– 322 données puis le Triton ponctué (Lissotriton vulgaris) – 271 données.

Le Crapaud calamite (Bufo calamita'), espèce emblématique des terrils, arrive en 5ème position avec 242 données.

Les Grenouilles vertes, scindées en 3 « groupes » totalisent 521 données (237 pour Pelophylax kl. esculentus, 224 pour Pelophylax sp. et 60 pour Pelophylax ridibundus).

Viennent ensuite les espèces jugées plus rares telles le Triton palmé (Lissotriton helveticus) - 149 données, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus) – 110 données, l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) – 78 données, le Triton crêté (Triturus cristatus) – 73 données et enfin la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) – 7 données.

ANALYSE DE LA QUALITE DES SITES DE REPRODUCTION

Parallèlement à l’inventaire des amphibiens, des fiches de caractérisation des sites de reproduction ont été remplies et analysées. Sur ces fiches sont relevés des informations telles la permanence du site, la profondeur, la surface, la nature des berges, la végétalisation des berges et le recouvrement des différentes strates, la végétalisation de la pièce d’eau, la nature des végétaux ainsi que leur recouvrement, la présence de poissons, le degré d’eutrophisation…

L’analyse de plus de 200 fiches nous a conduits à diagnostiquer 3 types de pièces d’eau sur le territoire englobant ou non des espèces d’amphibiens.

1 - Pièces d’eau de grande superficie et profondeur, abritant des poissons dont l’eau est très turbide : pièce d’eau de type « étang de pêche » n’abritant aucune espèce d’amphibien.

2 – Pièce d’eau de faible profondeur, présentant une eau claire, associée au Crapaud calamite et au Pélodyte ponctué : ce sont ici des pièces d’eau de type « mare temporaire » fréquemment retrouvées sur les terrils.

3 – Pièce d’eau intermédiaire aux deux précédentes situations, nous sommes ici en face de « mares permanentes » auxquelles sont associées les 4 espèces de Tritons : alpestre, ponctué, palmé et crêté mais également la Grenouille rousse et le complexe des Grenouilles vertes.


Dans ce schéma, le Crapaud commun ne trouve sa place au sein d’aucun complexe de pièces d’eau. Il utilise tout type de zones humides pour se reproduire. Il est important de noter qu’il n’est pas associé aux étangs bien qu’il s’y reproduise fréquemment. Les étangs, représentant plus de la moitié des pièces d’eau du territoire, sont quasiment « stériles » pour les amphibiens en période de reproduction, ils ne sont que des milieux de substitution pour les espèces lorsqu’elles n’ont plus d’autre choix.

LES AMPHIBIENS DES TERRILS

Focalisons-nous plus spécifiquement sur les espèces d’amphibiens typiques des terrils, soit l’Alyte accoucheur, le Pélodyte ponctué et le Crapaud calamite.

L'alyte accoucheur

L’Alyte accoucheur est une espèce rare sur le Bassin Minier, il a été rencontré sur 30 sites distincts environ, majoritairement des carrières, sablières et terrils mais aussi dans quelques mares de fermes.

L’Alyte accoucheur est une espèce qui se déplace peu, 500 mètres tout au plus pour trouver un nouveau site de reproduction. De fait, les populations sont extrêmement disjointes sur le territoire, formant parfois des noyaux potentiellement viables à long terme.

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Le Pélodyte ponctué

Le Pélodyte ponctué n’est pas plus fréquent, diagnostiqué sur 25 sites uniquement.

Sa répartition est exclusivement liée au littoral et au Bassin Minier. On distingue 3 gros noyaux de populations : un sur les terrils du Bruaysis, un sur les terrils du Lensois et enfin un dans les carrières et terrils du côté de Somain.

Ces trois noyaux sont très disjoints et on remarque des discontinuités fortes également au sein des noyaux eux-mêmes. Il semble donc que les populations des différents terrils ou carrières soient très peu inter-connectés. Les populations de cette espèce sont donc très fragiles à moyen terme.


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Dans le cadre des actions complémentaires au programme Interrg IV, le Pélodyte ponctué a fait l’objet d’une attention toute particulière. Cette espèce, absente de Belgique, a vu son aire de répartition s’affiner.

Un protocole spécifique a été mis en place, nommé « adaptive sampling », de manière à systématiser la recherche de l’espèce dans une zone de 800 km². 60 mailles de 1 km² ont été prospectées en 2013.

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Sur 11 d’entre elles, l’espèce a été entendue en période de reproduction, les 49 autres ayant donné un résultat négatif.

106 plans d’eau inventoriés ont fait l’objet d’une caractérisation pour 23 variables.


Il apparait que les mares où le Pélodyte ponctué se reproduit possèdent un degré de végétalisation particulier, avec à la fois des berges dénudées et présentant une végétation relativement haute d’autre part.

On constate également que la présence de l’espèce s’oppose à l’ombrage, indiquant une sensibilité à l’ouverture du milieu. Il affectionne également la présence d’hélophytes pouvant servir de support à la ponte et de refuge journalier et nocturne. L’analyse discriminante révèle un fort chevauchement entre les caractéristiques de mares où l’espèce est présente ou absente.


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Au regard des analyses effectués et de la répartition des populations, il est possible d’avancer que le Pélodyte est en danger de disparition dans la majorité des stations dans lequel il se reproduit aujourd’hui. Les effectifs sont faibles dans chaque population et les possibilités de repli sur d’autres sites extrêmement faibles.

Le Crapaud calamite

Le Crapaud calamite est sans doute l’espèce emblématique la plus abondante des terrils.

Il a été identifié sur 42 sites distincts. Il est localement très abondant parfois plus de 600 mâles chanteurs ont été comptabilisés simultanément.

Des noyaux distincts semblent se dessiner au niveau du bassin minier (au moins 4 noyaux disjoints). Contrairement au Pélodyte ponctué, au sein des différents noyaux, les populations de crapauds calamite semblent connectées entre elles pouvant certainement assurer la survie de l’espèce à long terme.

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Afin de mieux comprendre les déplacements qui pouvaient être effectués par les adultes de Crapauds calamites sur les terrils, une étude par radiopistage a été menée en 2012.

38 individus adultes, males et femelles ont été équipés d’un émetteur interne et suivi de fin mars à fin octobre 2012 sur 3 terrils du secteur au nord de Lens.

La distance maximale journalière moyenne parcourue par les mâles est de 219 mètres (+/- 109 m) et par les femelles 253 mètres (+/- 104 m).

Les individus des terrils de Loos-en-Gohelle parcourent en moyenne de plus grandes distances (303 m) que ceux des terrils de Grenay-Mazingarbe (194 et 201 m).

Les distances totales parcourues varient entre 19 et 1412 m selon les individus pour une moyenne de 556 m (+/- 393). Ces distances ont été parcourues sur la totalité du suivi. Aucun individu n’a quitté le terril sur lequel il a été capturé initialement.


De leur point d’origine de capture et de relâché les individus ont parcouru entre 19 et 482 mètres. Les individus des terrils de Loos-en-Gohelle se sont éloignés plus de leur point d’origine que ceux des terrils de Grenay-Mazingarbe. Par contre aucune différence entre les sexes n’a pu être mise en évidence.


Les territoires occupés varient de 283 m² à 5.16 ha pour une moyenne de 1.41 ha et les individus suivis sur Loos-en-Gohelle occupent de plus grandes domaines vitaux que ceux de Grenay-Mazingarbe. Ceci pourrait être du à une surface de terril supérieur à Loos-en-Gohelle et donc de plus grandes possibilités d’habitats favorables.

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En ce qui concerne les milieux occupés, on note que 4 grands types de milieux sont utilisés à raison de 67% du temps de suivi. Ces milieux sont tous situés sur des pentes schisteuses et sont représentés par une végétation nue (26%), de type friche (23%), de type pelouse (11%) et enfin de type roncier (8%). Ainsi, il est possible d’affirmer que cette espèce affectionne les pentes des terrils, ce qui conditionne l’attractivité pour le relief (ensoleillement ?), sur un support schisteux et dans une végétation de type ouverte ou semi-ouverte.


Afin de comprendre mieux comment les individus se déplacent et comment se structurent les populations d’amphibiens dans le Bassin Minier, secteur géographique où l’urbanisation est très dense, l’agriculture intensive et les terrils constituant de nouveaux réservoirs de biodiversité, une étude sur la génétique de deux espèces a été entreprise en 2013.

Ainsi, les populations de Crapaud calamite et de Pélodyte ponctué du Littoral et du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais vont faire l’objet de prélèvement et analyse génétique. Ceci doit permettre de connaitre le degré d’isolement des populations, de mesurer les flux géniques et les degrés de consanguinité, de connaitre les éléments du paysage fragmentant les populations, afin de proposer des mesures de conservation en adéquation avec les plus grosses menaces pesant sur ces espèces.

LES AMPHIBIENS GENERALISTES

La Grenouille rousse

Tout comme l’espèce précédente, la Grenouille rousse est bien présente sur le secteur. Les effectifs reproducteurs ne sont majoritairement jamais très importants au contraire de ce que l’on peut observer en forêt par exemple.

Cette espèce colonise tout type de pièces d’eau pourvu qu’elle soit dotée d’une zone d’eau peu profonde.

Les connexions entre les populations sont bonnes à l’échelle du territoire.

C’est une espèce qui colonise relativement facilement des pièces d’eau différentes d’une année sur l’autre. Tout comme le Crapaud commun, elle n’est pas gravement menacée de disparition à court terme sur le secteur, cependant, beaucoup des pièces d’eau dans lesquelles elle se reproduit s’assèchent précocement depuis au moins 3 ans, anéantissant les pontes et/ou les têtards de l’espèce. Le recrutement est donc faible ces dernières années au sein des populations.

Cette espèce mérite que l’on s’y intéresse dans les années à venir, notamment dans les secteurs où les mares temporaires sont majoritaires. Il est fort possible que des cycles à long terme se dessinent pour cette espèce dont les effectifs sont très fluctuants.


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Le Crapaud commun

Cette espèce a été contactée entre 2000 à 2014 au sein de 154 communes du secteur d’étude élargi (certaines communes hors Bassin Minier). C’est l’espèce la plus commune au niveau de la région Nord-Pas de Calais. Cette espèce se reproduit sur le secteur au niveau des pièces d’eau de grandes étendues que celles-ci contiennent ou non des poissons, que l’eau y soit de bonne ou mauvaise qualité.

Les effectifs au sein des pièces d’eau sont très variables, pouvant atteindre plusieurs centaines d’individus. Les connexions entre les sites de reproduction du territoire sont bonnes, la colonisation de nouveaux sites par cette espèce est fortement potentielle. Il ne s’agit pas d’une espèce en danger à court terme. Cependant, il est nécessaire de se préoccuper de la qualité de la ressource en eau des pièces d’eau et de la nappe superficielle qui pourrait bien devenir néfaste à la survie de nombreuses populations de la zone d’étude.

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Les Grenouilles vertes

Toutes les espèces de grenouilles vertes ont été réunies en un seul groupe pour cette présentation.

Les Grenouilles vertes ne sont pas réputées pour effectuer des migrations entre différents sites, ni entre la saison de reproduction et l’hivernage.

Elles sont cependant bien présentes à l’échelle globale du secteur et doivent donc facilement se disperser pour coloniser de nouveaux sites. L’espèce nominale (Pelophylax lessonae) n’est quasiment jamais rencontrée sauf sur la zone de Mont-Bernanchon et dans le Pévèle, là où les mares de pâtures, non colonisées par Pelophylax ridibundus sont encore bien présentes.

L’espèce la plus courante est Pelophylax kl. esculentus qui a su coloniser les étangs mais également les stations de lagunage, les bassins de rétention d’eau pluviale.

Pelophylax ridibundus est bien présente sur les terrils, dans les pièces d’eau pérennes mais pas forcément de grande superficie. Il est difficile de se prononcer sur l’état des populations des différentes espèces tant la détermination est difficile. Pelophylax ridibundus ne semble pas en augmentation sur la période d’étude dans le secteur étudié, restant cantonnée aux étangs, mares et marais qui ont fait l’objet d’inventaires dès 2009.


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Le Triton alpestre

Le Triton alpestre relativement bien représenté dans le secteur d’étude, reste cantonné à des mares permanentes majoritairement ou des étangs de bonne qualité où pousse une végétation aquatique importante.

On le retrouve dans certaines zones (Aubers) dans des étangs de pêche (semi-extensif).

Il est toujours à proximité de boisements que ce soit des zones en friche, des jardins privés ou des terrils. Les mares dans lesquelles il se reproduit peuvent être ombragées ou en pleine lumière. Il est parfois vu dans des mares temporaires mais sans que le cycle de reproduction complet ne puisse avoir lieu.

Il est peu présent sur les terrils, préférant les petites vallées de la Souchez par exemple (maille de Vimy), le Pévèle ou encore le Bas Pays de Béthune (Plaine de la Lys).

Dans les zones précédemment citées pour accueillir une forte proportion de cette espèce, il semble que les connexions entre sites de reproduction sont encore existantes. De gros noyaux de populations apparaissent si l’on applique un tampon de 750 mètres autour des sites de reproduction.

Cette espèce étant capable au stade juvénile d’effectuer des déplacements de l’ordre du kilomètre voir plus, elle ne semble pas menacée pour peu qu’un nombre suffisant de sites de reproduction demeure.


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Le Triton ponctué

Le Triton ponctué utilise globalement les mêmes zones que le Triton alpestre.

On le retrouve plus fréquemment dans les vallons. Il est possible que ces espèces aient disparues des autres secteurs n’y trouvant plus de sites de reproduction.

En effet, préférant les mares permanentes, il semble possible que les populations résiduelles ne trouvent refuge que dans les zones à proximité des rivières et ruisseaux, dans les boisements ou les jardins, seules relicats de nature ou des mares de qualité persistent.

Pour cette espèce comme pour la précédente, les noyaux pourraient demeurer stables si les sites de reproduction ne viennent pas à disparaitre. Cependant, les connexions entre ces bastions sont aujourd’hui fortement compromises.


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Le Triton palmé

Le Triton palmé est beaucoup plus rare que son cousin le Triton ponctué à l’échelle de la zone d’étude.

Il s’agit d’une espèce plus exigeante en terme de qualité de la pièce d’eau dans laquelle il se reproduit. Il s’agit également d’une espèce plus forestière, il peut donc paraitre normal qu’il soit moins présent ici étant donné la faible proportion de domaines forestiers.

Les habitats de l’espèce n’étant pas optimaux sur le secteur, il est difficile de juger si cette espèce est menacée ou non.

Cependant, il est possible d’affirmer que les populations en présence sont très isolées les unes des autres et ne pourront donc pas se maintenir à long terme.


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Le Triton crêté

Le Triton crêté n’est présent que dans quatre zones du secteur d’étude et ce en faible proportion.

Sur le secteur de Mont-Bernanchon, il est présent dans des mares qui font l’objet d’une gestion favorable à son maintien.

Dans le secteur du Pévèle, les mares dans lesquelles il est présent ne sont pas protégées et certaines sont menacées par des projets de construction.

Dans le secteur de Lens, les mares où sa présence est notée sont situées sur un site géré par EDEN 62 et où de nouvelles mares viennent d’être créées.

Dans le secteur d’Abscon, il est noté dans des carrières et le plus gros site de reproduction de l’espèce dans cette zone vient d’être pollué (remise en surface de bidons contenant des hydrocarbures) et l’autre mare importante ne semble plus imperméable.

Il apparait donc possible qu’il disparaisse de ce dernier secteur à court terme si aucun travaux n’est effectué pour assurer sa sauvegarde.


Les populations sont discontinues et très peu reliées entre elles.


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La Salamandre est une espèce forestière stricte, de fait elle n’est que peu présente sur notre secteur. Il n’est donc pas possible de statuer sur l’état des populations.

La Salamandre tachetée

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